La sûreté des centrales nucléaires (2024)

Chaque jour, EDF réalise une surveillance de ses installations à la demande de l’ASN, bien sûr, mais également de sa propre initiative. EDF cultive en effet une "culture interrogative" qui le conduit à rechercher les anomalies par lui-même. A ces anomalies, découvertes parce qu’on les a cherchées, s’ajoutent les événements qui surviennent de façon inopinée.

Chaque « événement significatif », doit être déclaré à l’ASN. En retour, celle-ci s’assure que tous ceux qui ont un impact sur la sûreté nucléaire, la radioprotection et la protection de l’environnement, soient corrigés dans des délais acceptables. Plus un problème porte atteinte à la sûreté d’une centrale nucléaire, plus il doit être traité rapidement. Si elle le juge nécessaire, l’ASN peut exiger la mise à l’arrêt de l’installation en cause tant que la réparation n’est pas effectuée.

Éviter que les anomalies se reproduisent

L’ASN examine périodiquement l’ensemble des événements significatifs déclarés par EDF qui transmet à l’ASN dans le deux mois une analyse détaillée des causes de l’événement ainsi que la liste des actions correctives mises en œuvre. C’est ce qu’on appelle le retour d’expérience. L’ASN peut également faire procéder à une analyse approfondie et indépendante par son appui technique pour les événements significatifs les plus notables : ceux qui paraissent les plus marquants, ceux qui ont tendance à se répéter ou ceux qui touchent l’ensemble des centrales nucléaires.

L’ASN examine la manière dont l’exploitant prend en compte les anomalies détectées et met en œuvre le retour d’expérience. Elle veille également à ce qu’EDF tire les enseignements des événements significatifs survenus à l’étranger.

Les réexamens de sûreté

Les réexamens de sûreté constituent l’une des pierres angulaires de la politique de contrôle de l’ASN. Il s’agit notamment pour l’exploitant de mettre en œuvre des contrôles en profondeur et des modifications matérielles sur chaque réacteur à l’occasion des visites décennales.

Grâce à ces visites décennales, l’ASN amène l’exploitant à maintenir le niveau de sûreté des installations, mais également à l’améliorer. Dans un premier temps, l’exploitant évalue la conformité du réacteur et s’assure ainsi qu’il respecte bien la réglementation et les exigences de sûreté définies par les concepteurs (appelé « référentiel de sûreté »).

La sûreté monte d’un cran

Au cours de ces réexamens, la sûreté des installations est comparée aux standards les plus récents, que l’on rencontre sur les installations neuves. Ainsi peut-on identifier les modifications qui permettront d’améliorer le niveau de sûreté de la centrale nucléaire et seront mises en œuvre au cours des visites décennales des réacteurs.

En 2006, par exemple, le réexamen de sûreté des réacteurs de 1300 MégaWatt (comme ceux de Flamanville et Paluel) effectué à l’occasion de leurs 20 ans d’exploitation, a montré que leur état était satisfaisant. Aussi l’ASN a été favorable à la poursuite de leur exploitation pour dix nouvelles années. Mais l’ASN a également décidé que certaines modifications devaient leur être apportées afin, par exemple, de sécuriser certaines opérations de manutention lors des arrêts de réacteur pour rechargement de combustible.

Les facteurs organisationnels et humains

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Longtemps, l’homme a été considéré comme le point faible de la sûreté des centrales nucléaires, celui par qui arrivaient les défaillances techniques. Mais cette vision a évolué. Au niveau international, on considère aujourd’hui que les exploitants des centrales nucléaires doivent s’appuyer sur les personnels - sur leurs capacités d’adaptation, d’interrogation et de réaction face aux situations imprévues - afin d’en faire un maillon essentiel de la sûreté.

Cela suppose que soient pris en compte tous les facteurs organisationnels et humains : capacités, limites et compétences des agents, fonctionnement des équipes de travail, procédures d’exploitation, contraintes liées à l’environnement de travail, etc.

Des compétences pour garantir la sûreté

Pour des activités à risque comme c’est le cas dans une centrale nucléaire, la mise en place de dispositif de gestion des compétences s’avère indispensable pour assurer que l’exploitant dispose à tout moment des compétences appropriées et en nombre suffisant.

Il est de la responsabilité de l’exploitant de s’organiser pour assurer la gestion de ses compétences. L’ASN considère toutefois qu’un tel dispositif doit permettre la gestion des compétences dans son ensemble, depuis l’identification des compétences nécessaires à la réalisation des activités jusqu’à l’évaluation des compétences mises en œuvre, en passant par la détermination des besoins et la réalisation d’actions appropriées en termes de formation, d’entraînement, de recrutement ou de recours à la sous-traitance. De plus, le système de gestion doit permettre à l’exploitant d’anticiper le renouvellement des compétences de façon à garantir que les compétences nécessaires seront disponibles à tout moment quelque soit le volume des départs.

Au niveau international, la démarche de gestion des compétences proposée par l’AIEA repose sur une « approche systématique de la formation » présentée comme un processus en cinq étapes doté d’une boucle d’amélioration continue, depuis l’analyse des tâches et des besoins de formation jusqu’à l’évaluation des formations et le contrôle régulier des compétences. Entre autres, l’AIEA souligne la nécessité de développer des compétences non techniques (travail en équipe, communication, culture de sûreté...) et ce, pas seulement pour les managers mais pour tout le personnel impliqué.

Les sous-traitants sont concernés

Tous ces efforts manqueraient leur cible - renforcer la sûreté des centrales nucléaires en s’appuyant sur les hommes - si les prestataires n’y étaient également associés. En effet, EDF fait appel à un grand nombre de prestataires, environ 20 000 intervenants, en particulier pour les opérations de maintenance de ses réacteurs. Pour s’assurer que leur travail s’effectue conformément aux règles en vigueur, EDF a mis en place un système de qualification. Il consiste notamment en une évaluation du savoir-faire technique des prestataires. EDF exerce également une surveillance des activités effectuées par les sous- traitants et s’assure qu’ils conservent leurs compétences au fil du temps.

L’inspection du travail

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En 2006, la loi TSN a confié à l’ASN les missions d’inspection du travail dans les centrales nucléaires. L’ASN est depuis en charge du contrôle des conditions de travail des salariés d’EDF, mais également celles de ses prestataires et des sous-traitants.

Il revient donc aux inspecteurs de l’ASN d’assurer le contrôle du respect de la réglementation, d’enquêter sur les accidents du travail, de s’assurer que l’exploitant agit de manière à les éviter. Il leur appartient également d’identifier et de prévenir les conflits sociaux.

A long terme, un climat de tension sociale est de nature à entraîner une détérioration de la sûreté des installations. En participant régulièrement aux réunions des CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), les inspecteurs du travail de l’ASN prennent connaissance du climat de travail dans les centrales nucléaires et des éventuels conflits latents ou déclarés. Il leur arrive à présent d’être sollicités pour jouer un rôle de médiateur entre le personnel et l’encadrement des sites.

Vieillissem*nt et démantèlement

L’ASN s’assure qu’EDF étudie le vieillissem*nt des centrales nucléaires et se met en position de réagir si les matériels et systèmes se dégradent au cours du temps. Certains éléments, comme la cuve des réacteurs contenant le combustible nucléaire, font l’objet d’une surveillance toute particulière car ils ne peuvent être remplacés.

Dans la pratique, un examen approfondi de chaque réacteur est réalisé tous les dix ans afin, notamment, d’évaluer son vieillissem*nt. Ce « réexamen de sûreté » (pour en savoir plus, voyez la partie « Le réexamen de sûreté » est l’occasion, pour l’ASN, de s’assurer que l’installation est en mesure de fonctionner dans de bonnes conditions pour dix nouvelles années. Bien sûr, l’ASN peut demander des contrôles intermédiaires avant cette échéance.

Fin 2021, 35 installations nucléaires, de tout type (réacteurs de production d'électricité ou de recherche, laboratoires, usine de retraitement de combustible, installations de traitement des déchets, etc.) étaient arrêtées ou en cours de démantèlement en France. La prise en compte de la sûreté et de la radioprotection des opérations de démantèlement de ces installations constitue un enjeu majeur pour l'ASN.

Sur le plan strictement réglementaire, les autorisations d’exploiter les centrales nucléaires ne sont pas limitées dans le temps.

Les réacteurs du futur

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Pour l’ASN, la sûreté des centrales nucléaires françaises est satisfaisante. Mais la prochaine génération de réacteurs électronucléaires doit atteindre un niveau de sûreté encore supérieur.

Le réacteur EPR (Evolutionnary Pressurized water Reactor) est un nouveau type de réacteur nucléaire, dont un modèle à Flamanville, dans la Manche. Si sa technologie diffère peu de celle des réacteurs les plus récents, il bénéficie néanmoins de plusieurs améliorations notables.

Un réacteur conçu pour être plus sûr

Par exemple, il comprend quatre systèmes destinés à assurer le refroidissem*nt du réacteur en cas d’accident. Ces quatre systèmes sont indépendants, séparés géographiquement et protégés individuellement, chacun étant capable d’assurer seul l’intégralité de la fonction de sûreté. Un dispositif inédit, baptisé « récupérateur de corium », a été conçu pour recueillir le cœur radioactif au cas où celui-ci viendrait à fondre – accident le plus grave qu’une centrale nucléaire puisse connaître. Et l’enceinte en béton qui contient le réacteur a été renforcée par une coque en béton de manière à le protéger plus efficacement contre les agressions externes, une chute d’avion, par exemple.

Avec l’EPR, le nombre d’évènements significatifs annuels doit diminuer, notamment par l’amélioration de la fiabilité des systèmes et par une meilleure prise en compte des aspects liés aux facteurs humains. Ses concepteurs ont fait en sorte que le risque de fusion du cœur soit réduit par rapport aux réacteurs précédents, de même que la quantité de rejets radioactifs en cas d’accident.

Avec l’EPR, la radioprotection des personnels d’exploitation et de maintenance est également renforcée. L’objectif est que la dose collective reste voisine de 0,4 homme x Sievert par réacteur et par an. Cette valeur est largement inférieure à la dose moyenne actuelle de 1 homme x Sievert observée dans les centrales nucléaires du parc nucléaire français. Ce niveau de dose collective de 1 homme x Sievert correspond, pour les travailleurs, à des doses individuelles en moyenne de l’ordre de 5 milliSievert par an.

Et après ? Les ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), entre autres, mettent actuellement au point les technologies qui permettront de passer à une nouvelle génération de réacteurs, la Génération IV, reposant sur des principes innovants. Mais l’ASN considère qu’il est aujourd’hui prématuré de chercher à définir les objectifs de sûreté qu’ils devront atteindre. Leur mise en œuvre n’est en effet pas prévue avant 2030 - au plus tôt.

Les "Petit* réacteurs modulaires" ("Small Modular Reactors")

Plusieurs projets de « petit* réacteurs modulaires » (SMR, Small Modular Reactors) sont en cours de développement dans le monde. Il s’agit de réacteurs d’une puissance inférieure à 300MWe, fabriqués en usine et livrés sur leur site d’implantation. Un projet de SMR français réunissant EDF, Technicatome, le CEA et Naval Group est actuellement au stade des études préliminaires. L’ASN considère que ces projets constituent des opportunités de développer des réacteurs présentant des améliorations significatives en matière de sûreté nucléaire.

Pour en savoir plus sur les petit* réacteurs modulaires et le contrôle de l'ASN :

Petit* Réacteurs Modulaires

L’ASN est chargée du contrôle de toutes les installations nucléaires françaises. De nombreux projets de petit* réacteurs modulaires (PRM), aussi connus sous leur nom anglais small modular reactors (SMR) , sont en cours de développement dans le monde. Face aux enjeux de développement en France de ces réacteurs nucléaires, l’ASN a mis en place une organisation pour l’instruction des projets sur le territoire français.

Recherche scientifique

La recherche scientifique constitue l’une des clés pour faire progresser la sûreté nucléaire et la radioprotection. Grâce à elle émergent de nouvelles solutions techniques qui offrent un meilleur degré de protection contre les anomalies. Elle permet également de mieux comprendre et apprécier la gravité des risques associés à l’exploitation des centrales nucléaires.

Naturellement, l’ASN se tient informée des résultats des études scientifiques réalisées à l’étranger. Elle est également attentive au effort de recherche d’EDF. Le budget consacré par le producteur d’électricité français dans ce domaine reste à un niveau élevé.

EDF s’intéresse par exemple à la question de la durée de vie des réacteurs, poussée en cela par son souhait de poursuivre leur exploitation au-delà des durées de vie prévues au moment de leur conception. L’entreprise a par exemple entrepris des recherches sur le vieillissem*nt des matériaux afin de mieux comprendre la manière dont se dégrade l’acier des cuves contenant le cœur radioactif des réacteurs.

Coopération internationale

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Pour s’assurer de toujours mettre en œuvre les meilleures pratiques possibles, l’ASN et les autres Autorités de sûreté nucléaire dans le monde confrontent leurs expériences au cours de réunions de travail.

Échanges autour des réacteurs de 3ème génération (EPR)

Les relations sont particulièrement poussées avec STUK, l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise. L’ASN comme STUK sont en effet concernées par l’EPR dont deux exemplaires sont actuellement en cours de construction, l’un à Flamanville, dans la Manche, l’autre sur le site d’Olkiluoto en Finlande. Cette coopération s’est ouverte en 2006 à la NRC, l’Autorité de la sûreté nucléaire aux Etats-Unis, territoire sur lequel des EPR pourraient également être bâtis.

Cette coopération tripartite (France - Finlande - Etats-Unis) s’est ouverte à d’autres pays dans le cadre du programme MDEP (Multinational Design Evaluation Program). Cette initiative a été mise en place pour permettre aux participants de partager leurs connaissances sur les futurs réacteurs nucléaires.

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