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ParNicolas Six et Michaël Szadkowski
Temps de Lecture 8 min.
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DécryptageLes « jetons non fongibles » ont défrayé l’actualité en permettant la vente de fichiers numériques originaux pour des sommes record. Mais les informations précises sur leurs acheteurs, qui baignent dans l’univers opaque des cryptomonnaies, restent difficiles à obtenir.
Raz-de-marée pour certains, vague éphémère pour d’autres : la technologie «NFT» (non-fongible token ou «jetons non fongibles», en français) a fait parler d’elle ces dernières semaines comme nouveau moyen de monnayer toutes formes d’objets numériques. Son atout est d’inspirer confiance : l’acheteur d’un NFT a la certitude qu’il met la main sur le fichier original de son créateur (une image, une vidéo, un son,...), authentifié par un certificat qui garantit sa provenance et sa propriété.
Des mécanismes qui expliquent pourquoi le marché de l’art, et les communautés d’artistes numériques, se sont montrés particulièrement perméables à l’intégration des NFT dans leur écosystème. Au point que le marché a été multiplié par quatre de 2019 à 2020, selon un rapport du site Nonfungible.com, un média spécialisé sur le sujet, avant d’exploser en2021, selon Cryptoart.io, qui compile les ventes de plusieurs plates-formes dédiées au marché des NFT.
Les exemples les plus médiatisés de ventes de NFT ont concerné des sommes parfois irréelles. Le New York Times révélait il y a peu que la photo initiale du mème « Disaster Girl », montrant une petite fille souriant aux côtés d’une maison en flammes (une image reprise, détournée et postée un nombre incalculable de fois sur Internet depuis sa première diffusion, en 2008), avait été vendue pour une somme équivalent à 410 000 euros.
La somme touchée par le photographe amateur – le père de la petite fille de l’époque – a été versée par un certain « Farzin @f3Music » sur la plate-forme Foundation, le 18 avril. Comme souvent, on n’en saura pas plus sur cet acquéreur : même Ben Lashes, un agent américain spécialiste de la commercialisation des mèmes, et qui a orchestré cette vente, ne la connaît pas.«J’ignore tout autant qui a acheté le NFT du Nyan Cat », explique-t-il au Monde, alors que l’animation originale du célèbre chat arc-en-ciel s’est vendue environ 530 000 euros grâce à son entremise.
Tout aussi inconnu est l’acquéreur du titre extrait de l’album Ultraviolet du DJ 3LAU payé, lui, 3millions d’euros. Quant à l’identité de l’acheteur du NFT de l’artiste Beeple, une œuvre qui compile 5000 esquisses dessinées en5000 jours consécutifs, elle est incertaine, alors qu’avec un prix de vente de près de 50millions d’euros, elle est devenue la troisième plus haute enchère réalisée sur l’œuvre d’un artiste vivant.
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Opacité technique
Les identités précises des acquéreurs, à moins de s’exposer au grand jour, sont techniquement impossibles à connaître. Sur les plates-formes de ventes de NFT ne s’affichent souvent que les adresses de portefeuilles de cryptomonnaies dont a émané la somme nécessaire à l’achat de l’œuvre d’art numérique : pour le gif du Nyan Cat, on voit par exemple que l’adresse «0x7Eb28B2f14A59789ec4c782A5DD957F9C8F33f6b» est celle depuis laquelle le NFT a été acheté. « Nous connaissons généralement uniquement le numéro de portefeuille virtuel du client qui lui sert à payer en cryptomonnaie », confirme au Monde Ben Lashes.
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